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Comment développer une mémoire étonnante en six étapes ?

« Alors ! Qui peut nous rappeler ce qu’on a fait la dernière fois ? »

Cette phrase mythique a souvent divisé nos salles de classe en deux groupes : d’un côté ceux qui parviennent facilement à répondre à cette question, répétant de manière textuelle ou succincte ce qui a été vu la dernière fois, de l’autre, ceux qui n’ont pas retenu grand-chose de la dernière séance. Pourtant les deux groupes étaient bien présents lors du cours précédent. Ou du moins physiquement…

De la même manière, on se souvient tous de ce professeur qui, lassé des « mauvais élèves » qui ne retiennent rien de ses leçons, nous rabâchait le fameux « on n’apprend pas pour oublier ». Et ça on n’en disconvient pas.

Mais la mémoire et la mémorisation ne sont pas des acquis. Nous n’avons pas tous les mêmes facultés à retenir ce que nous apprenons.

Un constat qui pousse à se poser plusieurs questions : pourquoi certains ont-ils « une mémoire d’éléphant » tandis que d’autres oublient dans la seconde qui suit l’apprentissage ? Comment faire pour ne pas oublier ?

Pour répondre à ces questions nous allons nous lancer dans de la « broscience » Eh oui !

Nous allons tenter de comprendre le fonctionnement de notre mémoire afin de l’optimiser.

En réalité ce sujet m’interpelle personnellement car ayant été élève, puis étudiant, j’avais du mal à « parcoeuriser », et ça, malgré tous les efforts que j’y mettais. Pour y remédier, ma méthode était simple : comprendre les choses en me les appropriant au lieu de restituer machinalement mes leçons.

Pour mes encadreurs c’étaient tout simplement frustrant. Car pour eux ce n’était pas une question d’intelligence, mais de motivation.

Ce n’est que tout récemment, des années après, que j’ai compris où se situait le problème. En effet, tout est dans la constitution des parties du cerveau qui font la mémoire et la façon de les mettre à profit…

Lobes, neurones, hippocampe… Autant de parties du cerveau qui interviennent dans le processus. De la même manière qu’on peut avoir de plus grandes jambes, un plus long nez, ou être ambidextre… Nos cerveaux sont constitués différemment. Ainsi, certains ont plus de facilités pour mémoriser, alors que d’autres auront plus d’aisance pour imaginer ou créer par exemple. D’où la pertinence du calcul du QI (quotient intellectuel). Même si  un QI plus important n’entraîne pas forcément une meilleure capacité de mémorisation, bien au contraire. Mais ça on y reviendra.

Pour autant nous n’allons pas nous lancer dans de l’anatomie. A la place, nous allons nous concentrer sur la mémoire, en essayant de comprendre comment ces muscles du cerveau font fonctionner la machine.

Et pour ça il est important de noter qu’il a 2 types de mémoires conscient et à long terme. Cette précision est importante, car il existe une autre mémoire à long terme, celle procédurale, mais ce n’est pas le sujet.

A ce stade, les 2 types de mémoires qui nous intéressent : nous avons une mémoire épisodique qui nous permet de nous rappeler des situations qu’on a vécues par le passé en gardant le contexte, mais aussi de se projeter vers l’avenir.

Elle est différente de la mémoire sémantique qu’on peut appeler « encyclopédie mentale » qui nous permet de mémoriser.

Cette dernière est justement l’objet de notre article.

Pour beaucoup de spécialistes en psychologie cognitive, la mémorisation se fait en 3 étapes :

  • L’encodage : nos sens partagent une information puis on la traite.
  • Le stockage
  • La récupération : on se souvient de l’information stockée.

Il n’est pas utopique de croire que beaucoup d’élèves traités parfois à tort de cancres auraient pu être brillants si leurs enseignants avaient des connaissances psychocognitives, ne serait-ce que basiques, leur permettant de changer d’approche et de méthode, en traitant chaque apprenant comme un individu à part entière et différemment constitué d’un autre, d’une part, et d’autre part en s’adaptant en fonction des sensibilités de chaque élève, sans avoir les mêmes attentes.

Et il faut savoir qu’il suffit de tests simples pour se faire une idée de la facilité de mémorisation ou non d’un élève.

Donc il s’agit là avant tout d’une question de volonté de chercher plus loin, au lieu de tirer des conclusions hâtives sur la motivation et le bon vouloir de l’enfant, et ainsi, de ne laisser aucun gamin sur le carreau.

Ceci dit, il est très difficile de réussir dans ses études sans méthode. Alors, en voici une toute faite. Elle se base sur les étapes de la mémorisation énoncées précédemment, mais va plus loin.

En effet, le français Christian Henry Godefroy connu pour être un adepte des raccourcis nous rend l’appropriation de ce processus plus simple en la détaillant dans son ouvrage intitulé « Comment développer une étonnante mémoire ». Dans son livre il nous présente un processus en 6 étapes :

  1. Le conditionnement : se préparer avant de commencer à apprendre quelque chose. En d’autres termes, la phase d’échauffement.
  • La motivation : pourquoi dois-je apprendre ? Quel intérêt ? Car il est plus dur de retenir une chose qui ne nous intéresse pas.
  • La concentration : s’efforcer de faire le vide et porter notre attention sur ce qu’on doit mémoriser.
  • L’hygiène de vie : un bon sommeil, une bonne alimentation jouent indéniablement sur l’efficacité des neurones. La vitamine B notamment a un rôle important dans le bon fonctionnement du processus.
  1. La visualisation : transformer le texte qu’on a sous les yeux en image. Il est plus facile de retenir une image qu’un texte. Ceci s’explique par le procédé du double codage. Quand on voit quelque chose, notre cerveau le transforme en texte et en image. Or quand on lit un texte notre cerveau ne retient que le texte. Donc, faire l’effort de créer dans notre mémoire une image pour illustrer ce texte rend le double codage possible dans l’autre sens.
  2. La conceptualisation : se faire sa propre idée de ce que l’on doit retenir en se basant bien sûr sur les informations qu’on a. Il s’agit là donc de s’approprier la masse de données selon notre compréhension en les regroupant derrière une idée générale.
  3. L’émotion : créer une émotion quand on apprend. Trouver un moyen pour que les informations à mémoriser nous touchent, en bien ou en mal.
  4. La liste imbriquée : on retourne à l’étape deux, celle de la visualisation. Après avoir traduit les informations en images. Il s’agit là d’organiser les images par paliers, les faire correspondre et les mettre les uns sur les autres.
  5. Le palais de mémoire : créer un parcours alignant les différentes informations à retenir en se basant sur notre environnement.

Je vous conseille vivement de lire cet ouvrage de Christian Henry Godefroy que vous pouvez acheter en ligne, si jamais vous avez des problèmes de mémorisation ou même si vous voulez tout simplement améliorer votre processus psychocognitif.

Quid de l’impact du QI sur la mémorisation ?

Ainsi les gens les plus intelligents auraient plus de difficultés à mémoriser dans une salle de classe.

De façon très ramassée : pour deux individus aux profils et à l’environnement similaires, celui avec le QI le plus élevé a une meilleure facilité de compréhension ou de manière péjorative est plus intelligent. De ce fait, les individus avec un gros QI ou individus à haut potentiel ont du mal à passer du temps sur des choses qu’ils ont déjà comprises, ou comprennent facilement, car n’arrivant pas à se concentrer quand ce n’est pas assez challengeant… à tel point que leur cerveau ne ressent pas le besoin de mémoriser des informations qui vont de soi (pour eux, et le fonctionnement de leur cerveau).

Pour conclure grossièrement là-dessus, les hauts potentiels ont une mémoire sémantique condescendante qui ne juge pas utile ou qui a du mal à retenir certaines choses.

Et la « parcoeurisation » dans tout ça ?

Elle est différente de la mémorisation. Car, comme vu précédemment, la mémorisation implique le fait de s’approprier l’information. D’où sa différence avec la « parcoeurisation », où on nous demande de restituer telle quelle l’information, sans laisser place à l’interprétation.

Et j’en reviens à un exemple personnel, en CM2 la première fois où j’ai dit à mon instituteur « je n’ai pas parcoeurisé mais j’ai compris ». Dans un premier temps il se prêta au jeu en me posant des questions de plus en plus difficiles, sans doute pour me prendre à mon propre piège. Mais constatant que j’étais à l’aise pour apporter des réponses correctes en me basant sur mon propre lexique, il finit par se braquer en me demandant quand même de « parcoeuriser » la prochaine fois, alors que je m’en sortais honorablement. Tout ça pour dire que ce procédé de l’apprentissage à l’aveugle qui est un soubassement même de notre manière d’apprendre est assez archaïque et pénalisant.

Pour conclure, ce qu’il faut retenir c’est que notre système éducatif se doit de remettre les élèves au centre du projet et non le programme ou le quantum horaire. Pour ainsi devenir plus inclusifs et donner plus de chance aux individus qui pour x raisons ont de moins bonnes prédispositions pour réussir un cursus honorable.

Naturellement, pour ça il faut une réforme commençant par renouveler les leviers de formation même des enseignants, jusqu’à l’allègement des programmes souvent bourrés, en passant par la mise en place de spécialisations plus orientées métiers intervenant plutôt dans le cursus.

Amadou Baba NDIAYE

« Overthinker”

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